Enquête: Joseph Farah
Traduite de l'arabe par Nayla Assaf
ANI - La politique continue à épuiser l'économie libanaise, laquelle a été lourdement affectée par les répercussions de la crise syrienne. Le taux de croissance pour cette année n'a pas dépassé les 1.5% en dépit de l'aide de la BDL via des plans de relance destinés au marché par le secteur bancaire. Le Fonds monétaire international a réduit sa prévision de croissance à 2%.
Le vide marque toujours la présidence de la République en 2015, cela a un impact négatif sur le travail du gouvernement d'intérêt national, le Parlement et les autres institutions constitutionnelles. Les organismes économiques et la société civile ont lancé un appel en juin 2015 pour faire face à ce suicide mais cet appel n'a pas porté ses fruits. L'économie continue à plonger dans l'abime.
Les crises au Liban ne manquent pas, à savoir l'électricité, les ordures, le chômage et l'afflux des déplacés syriens. La dette publique a dépassé les 70 milliards de dollars.
Les secteurs économiques ont perdu 85% des exportations libanaises, lesquelles circulent en effet via un passage fermé actuellement entre la Jordanie et la Syrie. Le secteur bancaire forme toutefois un levier positif pour ces secteurs. Il assure une croissance de 8% en dépit d'une diminution des crédits. Les réserves de la BDL ont augmenté de 50 milliards de dollars, instaurant alors une stabilité financière.
Al Azhari
Le vice-président de l'Association des banques du Liban, Saad al-Azhari, a estimé que "la performance du secteur bancaire est acceptable en dépit des secousses politiques et économiques", qualifiant toutefois de "modeste" le taux de croissance de l'activité bancaire par rapport à la décennie précédente.
La Banque Audi
La Banque Audi a un point de vue différent. Selon un rapport publié, l'économie libanaise est toujours capable de faire face aux défis. Ce secteur peut aussi sauver le Liban du piège de la stagnation.
Bien que la Banque Audi dépende des actifs présents au Liban, de multiples actifs sont constatés et l'Etat n'en fait pas usage, dont notamment le pétrole et le gaz. Toutefois, ils ne sont utilisés en raison des disputes politiques. Cela implique que l'économie est incapable de bénéficier de son potentiel productif.
L'économie nationale dépend des fonds venant de l'étranger estimés à 8 milliards de dollars annuellement.
Le tourisme au Liban a également souffert, en dépit des efforts colossaux fournis par la société civile pour lancer plus de 100 festivals locaux et internationaux. Ces chiffres démontrent que les dépenses touristiques ont diminué de 7 milliards de dollars à 4 milliards, notamment avec le boycott des pays du Golfe au tourisme libanais. Les réservations d'hôtels ont reculé de 100% à 60%. L'activité à l'aéroport international Rafic Hariri s'est améliorée par rapport à l'année dernière.
Les secteurs agricol et industriel ont également affiché d'immenses pertes avec la fermeture du passage entre la Syrie et la Jordanie. L'Etat libanais a adopté l'exportation par voie maritime. Cependant, les exportations ont chuté de 15 et 10% dans les secteurs agricol et industriel. La consommation locale s'est accrue avec la présence de plus d'un million et demi de réfugiés syriens.
Le secteur de l'immobilier s'est ralenti, poussant quelques promoteurs à lancer des campagnes en faveur des Libanais, émigrés et résidents, pour acheter des appartements dans leur patrie. Le prix de l'immobilier n'a pas diminué à l'exception de rabais pour de nouveaux acheteurs qui souhaitent conclure leurs contrats.
Le secteur de l'investissement n'a pas témoigné d'offres exceptionnelles sauf pour ceux qui ont commencé en 2010, date du boom. Le Liban a été numéro 4 sur la liste des pays arabes dans le domaine de l'investissement.
Le déficit public doit augmenter en 2015, selon le projet budgétaire présenté par le ministère des Finances au gouvernement.
L'expert économique et financier, Dr Ghazi Wazni a confirmé que "l'économie nationale traverse une étape difficile et chaotique en raison de la situation régionale et de la paralysie au sein des institutions constitutionnelles".
Il a assuré que les milliards de dollars de crédits faciles injectés par la BDL dans le secteur de l'investissement et l'économie étaient le facteur principal de la dynamisation de l'économie selon des taux de croissance modestes. L'expert n'était cependant pas optimiste en ce qui concerne la situation monétaire, notant que "le déficit financier a enregistré des niveaux alarmants de plus de 10% de la production locale en raison de la décision du gouvernement d'augmenter le nombre de leurs employés de 10% ainsi que d'autres facteurs qui affectent l'économie.
"Le taux d'inflation de la dette publique doit dépasser les 71 milliards de dollars fin 2015", a-t-il déploré, prévoyant toutefois "une forte présence du secteur bancaire en 2015 avec un taux de croissance acceptable de 7%".
Chammas
Le président de l'Association des commerçants de Beyrouth, Nicolas Chammas a pour sa part qualifié 2015 "d'année décevante pour le Liban en dépit de l'optimisme qui est apparu lors de la formation du gouvernement d'intérêt national", révélant que deux facteurs ont limité la croissance économique.
"Au départ, l'enlèvement des militaires à Ersal et ensuite la vacance présidentielle", a-t-il précisé.
M. Chammas a attribué la situation économique "à l'infiltration des déplacés syriens dans le marché de travail au Liban sans oublier le boycott arabe permanent", notant que "les responsables perdent des chances qui leur sont présentées sur des plateaux d'argent pour consolider l'économie".
Zmakhal
Le président du Rassemblement des hommes d'affaires libanais, Fouad Zmakhal, a prévu que "la situation économique sera désastreuse à cause de la paralysie au sein des institutions étatiques et de l'échec à diriger l'Etat. Cela implique un gel des décisions et une incapacité à régler les crises, telles le dossier des déchets".
"Les investisseurs ont perdu leur confiance, cela mène à une réduction des investissements étrangers au Liban de 4.8 milliards de dollars en 2010 à 2.5 milliards de dollars en 2015. Plusieurs parmi ces investisseurs ont transporté leurs affaires ailleurs.
Il a assuré que la situation sociale est liée au dossier des déplacés syriens.
Kassar
Le président des organismes économiques et chef de la Fédération des Chambres de Commerce, d'Industrie et d'Agriculture dans le monde arabe, l'ancien ministre Adnan Kassar a exprimé ses réserves "à l'égard du moyen par lequel les questions politiques se reflètent sur la situation socio-économique et met le pays en danger pour des intérêts personnels".
"La situation sociale n'est pas saine, le chômage a presque dépassé les 25% en 2015".
M. Kassar a noté que "les chances de travail étaient à presque 5000 annuellement alors que le Liban requiert 5 fois ce nombre".
En dépit de la stagnation actuelle, il s'est dit confiant que "la situation se redressera et que le développement sera assuré au Liban. Nous avons les moyens d'accomplir ces changements".
==============N.A.