Enquête de Salma Abou Assaf,
Traduite de l'arabe par Sanaa Nehmé
L'année 2013, le troisième mois, le treizième jour... Une élection inspirée, dirait-on, par la Trinité Sainte, du successeur de Saint Pierre...
François, comme Saint François d'Assise, de son nom Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, est le 266ème pape de l'Eglise catholique, devenant ainsi le premier cardinal non européen, venant des deux Amériques, et le premier jésuite à arriver à la tête de l'Etat du Vatican.
Son premier pas : il décide de contacter son prédécesseur, Benoît XVI, qui avait renoncé à ses responsabilités le 11 février dernier.
Une élection imprévue, certes... Une élection qui a renversé toutes les attentes.
Il était 19h05, ce mercredi-là, à Rome, lorsque la fumée blanche s'échappe de la Chapelle Sixtine.
Les milliers de fidèles et de pèlerins rassemblés sur la place Saint-Pierre, ainsi que le monde entier, apprennent alors que les 115 cardinaux, de 64 nationalités différentes, réunis en conclave depuis la veille, ont désigné le nouveau souverain pontife.
Les cloches de la Basilique Saint-Pierre retentissent dans les quatre coins du Vatican, proclamant que le Saint-Siège a désormais un nouvel occupant.
Le monde attend, le nom n'a toujours pas été annoncé.
Environ soixante minutes sont passées, les préparatifs sont terminés... Enfin, les vitres du célèbre balcon de la Basilique s'ouvrent et le cardinal français Jean-Louis Tauran fait son apparition pour annoncer le nom du tant attendu...
"Habemus Papam (Nous avons un pape)", se réjouit le cardinal Tauran, laissant la place à une vague d'applaudissements d'une foule venue, sous des conditions météorologiques peu favorables, faire la connaissance de Sa Sainteté, avant que le nom de Jorge Mario Bergoglio, 76 ans, argentin, ne soit annoncé.
Quelques instants plus tard, les vitres s'ouvrent à nouveau.
François fait son apparition.
Il est clairement ému, les pèlerins aussi.
"Mes frères, les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde," a-t-il dit à la foule, qui a ravivé ses applaudissements et ses cris de joie.
Sa Sainteté a, alors, donné sa première bénédiction, Urbi et Orbi, "au monde entier, à tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté".
"Mais avant que l'Evêque bénisse le peuple, je vous demande de prier le Seigneur afin qu'Il me bénisse : la prière du peuple, demandant la Bénédiction pour son Evêque," a ajouté François, faisant également une prière pour Benoît XVI.
Portrait du nouveau souverain pontife :
De parents italiens, Jorge Mario Bergoglio, est né en Argentine le 17 décembre 1936.
A 21 ans, il obtient un diplôme de technicien en chimie. A 22 ans, il intègre la Compagnie de Jésus, où il y étudie les humanités et obtient une licence de philosophie.
Il poursuit ses études en théologie, présente sa soutenance en Allemagne, puis revient à Buenos Aires, où il devient recteur de l'université jésuite, San Salvador (Universidad del Salvador).
Il gravit ensuite progressivement tous les échelons de l'Eglise. Le 20 mai 1992, Jean-Paul II le nomme évêque auxiliaire de Buenos Aires. Il devient archevêque de la capitale argentine et cardinal en 2001.
Il devient, ensuite, président de la Conférence épiscopale d'Argentine de 2005 à 2011.
Il est un fervent opposant au mariage homosexuel et à l'avortement.
Il critique sévèrement, de même, les prêtres qui refusent de baptiser les enfants conçus hors mariage ou de donner la communion aux mères célibataires.
En sa personnalité distinguée, il est à la fois conservateur et réformiste.
François l'humble...
Du haut de son balcon, le nouveau prélat de l'Eglise catholique donne une impression incontestable : c'est un pape humble, qui a choisi de porter le nom de Saint François d'Assise, signe de son attachement à la pauvreté.
Au terme du conclave, il entre dans la "chambre des Larmes", pour exprimer, comme se doit la tradition, son émotion face à la grande responsabilité qui lui a été attribuée.
Archevêque de Buenos Aires, il n'oublie pas les personnes démunies, les défavorisés et les malades de son pays.
Il est le papa des pauvres.
Il leur vient en aide, il les soutient, il les écoute. Il leur lave les pieds.
Le nouveau souverain pontife a mené une vie humble, simple.
Il laisse de côté la résidence somptueuse des archevêques et les grandes voitures et opte pour une vie dans un appartement modeste et un déplacement en bus ou en métro. Il n'aime pas voyager.
C'est aussi un homme passionné de lecture. Il se distingue par une profondeur spirituelle et une richesse intellectuelle.
Dans sa dernière intervention, lors des séances générales des cardinaux, ses mots, simples et expressifs, ont mérité un applaudissement chaleureux.
Eloquent, il reste, d'abord, toujours à l'écoute des autres.
De grands défis à l'horizon :
Le nouveau pape connaîtra, sans aucun doute, des défis tous azimuts qui rendront son parcours semblable à celui du chemin de la Croix.
En effet, l'Eglise témoigne d'importants problèmes, à maints niveaux; à noter, entre autres, les scandales financiers, la régression du nombre de catholiques dans le monde, le dossier du dialogue interreligieux, l'harcèlement sexuel, la persécution des chrétiens... qui rendront difficile la mission du souverain pontife.
Les cardinaux auraient choisi François pour mettre en relief l'humilité du Vatican, à travers l'élection d'un pape étranger à l'Italie, à toute l'Europe même.
Aujourd'hui, l'Eglise a urgemment besoin d'un chef spirituel qui joue un rôle exemplaire (tout comme l'avait fait Jean-Paul II) et qui soit doté d'une puissance intellectuelle et théologique (comme Benoît XVI).
On attend de François à mener des réformes au sein de l'Eglise et à activer le dialogue interreligieux.
On attend de lui à suivre les pas de Saint François d'Assise, lequel avait rencontré, en 1219, le Sultan de Babylone, pour promouvoir la vie en harmonie entre chrétiens et musulmans et mettre un terme à la guerre entre les deux religions.
Aurait-il, aussi, l'intention de renouveler l'Eglise, non par la pierre, mais par les hommes, les pauvres de ce monde?
========================= S.N