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L'événement le plus important au Liban en 2012:Benoît XVI visite le Liban

Le Liban, officiel et populaire a attendu avec joie , en ce jour glorieux, l'arrivée du chef de l'Eglise catholique, Benoît XVI.
L'avion au bord duquel se trouvait le souverain pontife à Beyrouth avait décollé le 14/09/2012 de l'Aéroport Ciampino à Rome et atteri à l'Aéroport international de Beyrouth à 13h45( heure locale) où une série de mesures sécuritaires avaient été prises.
Le président de la République Michel Sleiman et son épouse, le président de la Chambre Nabih Berri et son épouse, le président du Conseil des ministres Najib Mikati et son épouse, le patriarche maronite Béchara Boutros Rahi, le cardinal Nasrallah Sfeir, plusieurs chefs d'Eglises , archevêques et responsables politiques se sont donnés rendez-vous à l'Aéroport international de Beyrouth pour acclamer la visite historique et tant attendue du pap
 
Allocution du président Sleiman

Le président de la République Libanaise Michel Sleiman a affirmé, dans une allocution qu'il a prononcée lors de la cérémonie d'accueil du pape Benoît XVI, que le Saint-Siège et le Liban étaient fortement liés par des liens historiques.
"Vous avez voulu, Sainteté, proclamer au monde entier l'importance du Liban en tant que phénomène de convivialité et de diversité, en dépit des dangers qui le menacent, pour mettre l'accent sur l'importance de la présence islamo-chrétienne afin de conserver le rôle historique du Liban à l'ombre des métamorphoses dont témoigne le monde arabe et qui exigent la clarification des visions et l'unification des rangs dans le but d'édifier une société basée sur la liberté, la justice et l'égalité," a dit le chef de l'Etat.
"Vous avez voulu envoyer, à partir du Liban, un message de paix à tous les peuples à travers l'Exhortation apostolique. La paix selon vous n'est pas uniquement le refus de la violence et du sang mais aussi une forte liaison avec le Dieu unique," a ajouté le président Sleiman.

Allocution de sa sainteté

A son tour, le pape Benoît XVI a prononcé, lors de la cérémonie de bienvenue à l'Aéroport International de Beyrouth, l'allocution suivante:
"Monsieur le Président de la République,
Messieurs les Présidents du Parlement et du Conseil des ministres,
Chères Béatitudes, Membres du Corps diplomatique,
Autorités civiles et religieuses présentes, chers amis,
J'ai la joie, Monsieur le Président, de répondre à l'aimable invitation que vous m'avez adressée à me rendre dans votre pays, ainsi qu'à celle reçue des Patriarches et des Evêques catholiques du Liban.
Cette double invitation manifeste, si nécessaire, le double but de ma visite dans votre pays. Elle souligne l'excellence des relations qui existent depuis toujours entre le Liban et le Saint-Siège, et elle voudrait contribuer à les renforcer. Cette visite est aussi la réponse à celles que vous m'avez faites au Vatican en novembre 2008, et plus récemment en février 2011, visite qui a été suivie neuf mois plus tard par celle de Monsieur le Premier ministre.
C'est lors de la seconde de nos rencontres, que la majestueuse statue de Saint Maron a été bénie. Sa présence silencieuse au chevet de la basilique Saint Pierre rappelle de manière permanente le Liban sur le lieu même où l'apôtre Pierre a été enseveli. Elle manifeste un héritage spirituel séculaire en confirmant la vénération des Libanais pour le premier des Apôtres et pour ses successeurs. C'est pour marquer leur grande dévotion à Simon Pierre que les Patriarches maronites ajoutent à leur prénom celui de Boutros.
Il est beau de voir que du sanctuaire pétrinien, Saint Maron intercède continuellement pour votre pays et pour l'ensemble du Moyen-Orient.
Je vous remercie par avance, Monsieur le Président, pour tous les efforts entrepris en vue de la bonne réussite de mon séjour parmi vous.
Un autre motif de ma visite est la signature et la remise de l'Exhortation apostolique post-synodale de l'assemblée spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des évêques, Ecclesia in Medio Oriente.
Il s'agit là d'un évènement ecclésial d'importance. Je remercie tous les Patriarches catholiques qui se sont déplacés, et plus particulièrement, le Patriarche émérite, le cher cardinal Nasrallah Boutros Sfeir, et son successeur, le Patriarche Béchara Boutros Raï. Je salue fraternellement tous les Evêques du Liban, ainsi que ceux qui ont voyagé pour prier avec moi et recevoir des mains-mêmes du Pape ce document. A travers eux, je salue paternellement tous les chrétiens du Moyen-Orient.
Destinée à l'ensemble du monde, l'Exhortation se propose d'être pour eux une feuille de route pour les années à venir. Je me réjouis également de pouvoir rencontrer durant ces jours-ci de nombreuses représentations des communautés catholiques de votre pays, de pouvoir célébrer et prier ensemble. Leur présence, leur engagement et leur témoignage sont une contribution reconnue et hautement appréciée dans la vie quotidienne de tous les habitants de votre cher pays.
Je tiens à saluer aussi avec grande déférence les Patriarches et les Evêques orthodoxes venus me recevoir, ainsi que les représentants des diverses communautés religieuses du Liban. Votre présence, chers amis, démontre l'estime et la collaboration que vous souhaitez promouvoir entre tous dans le respect mutuel.
Je vous remercie pour vos efforts et je suis certain que vous continuerez à rechercher des voies d'unité et de concorde.
Je n'oublie pas les évènements tristes et douloureux qui ont affligé votre beau pays durant de longues années. L'heureuse convivialité toute libanaise, doit démontrer à l'ensemble du Moyen-Orient et au reste du monde qu'à l'intérieur d'une nation, peuvent exister la collaboration entre les différentes Eglises, toutes membres de l'unique Eglise catholique, dans un esprit fraternel de communion avec les autres chrétiens, et dans le même temps, la convivialité et le dialogue respectueux entre les chrétiens et leurs frères d'autres religions.
Vous savez comme moi que cet équilibre qui est présenté partout comme un exemple, est extrêmement délicat. Il menace parfois de se rompre lorsqu'il est tendu comme un arc, ou soumis à des pressions qui sont trop souvent partisanes, voire intéressées, contraires et étrangères à l'harmonie et à la douceur libanaises. C'est là qu'il faut faire preuve de réelle modération et de grande sagesse. Et la raison doit prévaloir sur la passion unilatérale pour favoriser le bien commun de tous. Le grand roi Salomon qui connaissait Hiram, le roi de Tyr, n'a-t-il pas jugé que la sagesse était la vertu suprême? C'est pourquoi il l'a demandée à Dieu instamment, et Dieu lui donna un coeur sage et intelligent.
Je viens aussi pour dire combien est importante la présence de Dieu dans la vie de chacun et combien la façon de vivre ensemble, cette convivialité dont désire témoigner votre pays, ne sera profonde que si elle est fondée sur un regard accueillant et une attitude de bienveillance envers l'autre, que si elle est enracinée en Dieu qui désire que tous les hommes soient frères.
Le fameux équilibre Libanais qui veut continuer à être une réalité, peut se prolonger grâce à la bonne volonté et à l'engagement de tous les Libanais.
Alors seulement, il servira de modèle aux habitants de toute la région, et au monde entier.
Il ne s'agit pas là uniquement d'une oeuvre humaine, mais d'un don de Dieu qu'il faut demander avec insistance, préserver à tout prix, et consolider avec détermination.
Les liens entre le Liban et le Successeur de Pierre sont historiques et profonds.
Monsieur le Président et chers amis,
je viens au Liban comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami des hommes.
"Je vous donne ma paix," dit le Christ (Jn 14, 27). Et au-delà de votre pays, je viens aussi aujourd'hui symboliquement dans tous les pays du Moyen-Orient, comme un pèlerin de paix, comme un ami de Dieu, et comme un ami de tous les habitants de tous les pays de la région quelle que soient leur appartenance et leur croyance.
A eux aussi le Christ dit : "Salami Outikoum" - "Je vous donne ma Paix".
Vos joies et vos peines sont continuellement présentes dans la prière du Pape et je demande a Dieu de vous accompagner et de vous soulager.
Je puis vous assurer que je prie particulièrement pour tous ceux qui souffrent dans cette région, et ils sont nombreux. La statue de Saint Maron me rappelle ce que vous vivez et endurez.
Monsieur le Président, je sais que votre pays me prépare un bel accueil, un accueil chaleureux, l'accueil que l'on réserve a un frère aimé et respecté. Je sais que votre pays veut être digne de "l'Ahlan wa Sahlan" - "Bienvenu" - libanais. Il l'est déjà et le sera dorénavant encore plus. Je suis heureux d'être avec vous tous.
[Liyoubarek al-Rabb Jamioukoum] - Que Dieu vous bénisse tous! - Merci !"
Le souverain pontife s'est rendu par la suite à la nonciature apostolique, son lieu de résidence au Liban.

Deuxième jour de la visite de sa sainteté le pape

Des milliers de Libanais, notamment des étudiants brandissant les drapeaux libanais et papal et les photos du président Sleiman et du Pape, ont afflué samedi 16 septembre au palais présidentiel de Baabda pour accueillir sa sainteté le pape Benoît XVI qui est venu rendre visite au président de la République, et rencontrer le chef du gouvernement et le président de la Chambre des députés au milieu de mesures sécuritaires intenses.
Le souverain pontife , qui a écrit un mot sur le livre d'or du palais , a reçu des personnalités politiques et spirituelles chrétiennes et musulmanes.
Le mufti de la République, Cheikh Mohammad Rachid Kabbani, a remis au pape Benoît XVI un mémorandum dans lequel il a condamné les agressions qui visent les chrétiens dans certains pays d'Orient.

Le mot adressé par le pape:

Le pape Benoît XVI a prononcé l'allocution suivante au palais présidentiel de Baabda:
"Monsieur le Président de la République,
Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités parlementaires,
gouvernementales, institutionnelles et politiques du Liban,
Mesdames et Messieurs les Chefs de mission diplomatique,
Béatitudes, Responsables religieux, chers frères dans l'Episcopat,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
"Salami Outikom" ["Je vous donne ma paix"] (Jn 14, 27) !
C'est avec cette parole du Christ Jésus que je désire vous saluer et vous remercier de votre accueil et de votre présence. Je vous remercie, Monsieur le Président, non seulement pour vos paroles cordiales mais aussi pour avoir permis cette rencontre.
Avec vous, je viens de planter un cèdre du Liban, symbole de votre beau pays. En voyant cet arbrisseau et les soins qu'il demandera pour se fortifier jusqu'à étendre ses branches majestueuses, j'ai pensé à votre pays et à sa destinée, aux Libanais et à leurs espérances, à toutes les personnes de cette Région du monde qui semble connaître les douleurs d'un enfantement sans fin. J'ai alors demandé à Dieu de vous bénir, de bénir le Liban et de bénir tous les habitants de cette Région qui a vu naître de grandes religions et de nobles cultures.
Pourquoi Dieu a-t-il choisi cette Région? Pourquoi vit-elle dans la tourmente?
Dieu l'a choisie, me semble-t-il, afin qu'elle soit exemplaire, afin qu'elle témoigne à la face du monde la possibilité qu'a l'homme de vivre concrètement son désir de paix et de réconciliation!
Cette aspiration est inscrite depuis toujours dans le plan de Dieu, qui l'a imprimée dans le coeur de l'homme. C'est de la paix que je désire vous entretenir car Jésus a dit : "Salami Outikom" ["Je vous donne ma paix"].
Un pays est avant tout riche des personnes qui vivent en son sein. De chacune d'elles et de toutes ensemble dépend son avenir et sa capacité à s'engager pour la paix. Un tel engagement ne sera possible que dans une société unie.
Cependant, l'unité n'est pas l'uniformité. La cohésion de la société est assurée par le respect constant de la dignité de chaque personne et la participation responsable de chacune selon ses capacités en engageant ce qu'il y a de meilleur en elle. Afin d'assurer le dynamisme nécessaire pour construire et consolider la paix, il faut inlassablement revenir aux fondements de l'être humain.
La dignité de l'homme est inséparable du caractère sacré de la vie donnée par le Créateur. Dans le dessein de Dieu, chaque personne est unique et irremplaçable. Elle vient au monde dans une famille, qui est son premier lieu d'humanisation, et surtout la première éducatrice à la paix. Pour construire la paix, notre attention doit donc se porter vers la famille afin de faciliter sa tâche, pour ainsi la soutenir et donc promouvoir partout une culture de la vie. L'efficacité de l'engagement pour la paix dépend de la conception que le monde peut avoir de la vie humaine. Si nous voulons la paix, défendons la vie!
Cette logique disqualifie non seulement la guerre et les actes terroristes, mais aussi toute atteinte à la vie de l'être humain, créature voulue par Dieu. L'indifférence ou la négation de ce qui constitue la véritable nature de l'homme empêchent le respect de cette grammaire qu'est la loi naturelle inscrite dans le coeur humain (cf. Message pour la Journée mondiale de la paix 2007, n. 3).
La grandeur et la raison d'être de toute personne ne se trouvent qu'en Dieu. Ainsi, la reconnaissance inconditionnelle de la dignité de tout être humain, de chacun de nous, et celle du caractère sacré de la vie impliquent la responsabilité de tous devant Dieu.
Nous devons donc unir nos efforts pour développer une saine anthropologie qui intègre l'unité de la personne. Sans elle, il n'est pas possible de construire la paix véritable.
Pour être plus évidentes dans les pays qui connaissent des conflits armés - ces guerres pleines de vanités et d'horreurs -, les atteintes à l'intégrité et à la vie des personnes existent aussi dans d'autres pays.
Le chômage, la pauvreté, la corruption, les diverses addictions, l'exploitation, les trafics de toutes sortes et le terrorisme entraînent, avec la souffrance inacceptable de ceux qui en sont victimes, un affaiblissement du potentiel humain. La logique économique et financière veut sans cesse nous imposer son joug et faire primer l'avoir sur l'être!
Mais la perte de chaque vie humaine est une perte pour l'humanité entière. Celle-ci est une grande famille dont nous sommes tous responsables.
Certaines idéologies, en remettant en cause de façon directe ou indirecte, ou même légale, la valeur inaliénable de toute personne et le fondement naturel de la famille, sapent les bases de la société.
Nous devons être conscients de ces atteintes à l'édification et à l'harmonie du vivre ensemble. Seule une solidarité effective constitue l'antidote à tout cela. Solidarité pour rejeter ce qui fait obstacle au respect de tout être humain, solidarité pour soutenir les politiques et les initiatives qui oeuvrent en vue d'unir les peuples de façon honnête et juste.
Il est beau de voir les actions de collaboration et de vrai dialogue qui construisent une nouvelle manière de vivre ensemble. Une meilleure qualité de vie et de développement intégral n'est possible que dans le partage des richesses et des compétences, en respectant l'identité de chacun.
Mais un tel mode de vie convivial, serein et dynamique ne peut exister sans la confiance en l'autre, quel qu'il soit.
Aujourd'hui, les différences culturelles, sociales, religieuses, doivent aboutir à vivre un nouveau type de fraternité, où justement ce qui unit est le sens commun de la grandeur de toute personne, et le don qu'elle est à elle-même, aux autres et à l'humanité. Là se trouve la voie de la paix!
Là est l'engagement qui nous est demandé! Là est l'orientation qui doit présider aux choix politiques et économiques, à chaque niveau et à l'échelle planétaire!
Pour ouvrir aux générations de demain un avenir de paix, la première tâche est donc celle d'éduquer à la paix pour construire une culture de paix. L'éducation, dans la famille ou à l'école, doit être avant tout l'éducation aux valeurs spirituelles qui donnent à la transmission du savoir et des traditions d'une culture, leur sens et leur force. L'esprit humain a le goût inné du beau, du bien et du vrai.
C'est le sceau du divin, la marque de Dieu en lui! De cette aspiration universelle découle une conception morale ferme et juste, qui place toujours la personne au centre. Mais c'est seulement librement que l'homme peut se tourner vers le bien, car "la dignité de l'homme exige de lui qu'il agisse selon un choix conscient et libre, personnellement, c'est-à-dire mû et déterminé de l'intérieur, et non sous l'effet de poussées intérieures aveugles ou d'une contrainte purement extérieure" (Gaudium et spes, 17).
La tâche de l'éducation est d'accompagner la maturation de la capacité à faire des choix libres et justes, qui peuvent aller à contre-courant des opinions répandues, des modes, des idéologies politiques et religieuses.
L'établissement d'une culture de paix est à ce prix! Il faut évidemment bannir la violence verbale ou physique. Elle est toujours une atteinte à la dignité humaine, celle de l'auteur comme celle de la victime.
Par ailleurs, en valorisant les oeuvres pacifiques et leur rayonnement pour le bien commun, on crée aussi l'intérêt pour la paix. Comme en témoigne l'histoire, de tels gestes de paix ont un rôle considérable dans la vie sociale, nationale et internationale.
L'éducation à la paix formera ainsi des hommes et des femmes généreux et droits, attentifs à tous, et particulièrement aux personnes les plus faibles. Pensées de paix, paroles de paix et gestes de paix créent une atmosphère de respect, d'honnêteté et de cordialité, où les fautes et les offenses peuvent être reconnues en vérité pour avancer ensemble vers la réconciliation.
Que les hommes d'Etat et les responsables religieux y réfléchissent!
Nous devons être bien conscients que le mal n'est pas une force anonyme qui agit dans le monde de façon impersonnelle ou déterministe. Le mal, le démon, passe par la liberté humaine, par l'usage de notre liberté. Il cherche un allié, l'homme. Le mal a besoin de lui pour se déployer. C'est ainsi qu'ayant offensé le 1er commandement, l'amour de Dieu, il en vient à pervertir le second, l'amour du prochain.
Avec lui, l'amour du prochain disparaît au profit du mensonge et de l'envie, de la haine et de la mort. Mais
il est possible de ne pas se laisser vaincre par le mal et d'être vainqueur du mal par le bien (cf. Rm 12, 21).
C'est à cette conversion du coeur que nous sommes appelés. Sans elle, les 'libérations' humaines si désirées déçoivent car elles se meuvent dans l'espace réduit concédé par l'étroitesse d'esprit de l'homme, sa dureté, ses intolérances, ses favoritismes, ses désirs de revanche et ses pulsions de mort.
La transformation en profondeur de l'esprit et du coeur est nécessaire pour retrouver une certaine clairvoyance et une certaine impartialité, le sens profond de la justice et celui du bien commun. Un regard nouveau et plus libre rendra capable d'analyser et de remettre en cause des systèmes humains qui conduisent à des impasses, afin d'avancer en tenant compte du passé pour ne plus le répéter avec ses effets dévastateurs.
Cette conversion demandée est exaltante car elle ouvre des possibilités en faisant appel aux ressources innombrables qui habitent le coeur de tant d'hommes et de femmes désireux de vivre en paix et prêts à s'engager pour la paix.
Or elle est particulièrement exigeante: il s'agit de dire non à la vengeance, de reconnaître ses torts, d'accepter les excuses sans les rechercher, et enfin de pardonner. Car seul le pardon donné et reçu pose les fondements durables de la réconciliation et de la paix pour tous (cf. Rm 12, 16b. 18).
Alors seulement peut croître la bonne entente entre les cultures et les religions, la
considération sans condescendance des unes pour les autres et le respect des droits de chacune.
Au Liban, la Chrétienté et l'Islam habitent le même espace depuis des siècles. Il n'est pas rare de voir dans la même famille les deux religions. Si dans une même famille cela est possible, pourquoi cela ne le serait-il pas au niveau de l'ensemble de la société?
La spécificité du Moyen-Orient se trouve dans le mélange séculaire de composantes diverses. Certes, elles se sont combattues, hélas aussi! Une société plurielle n'existe qu'à cause du respect réciproque, du désir de connaître l'autre et du dialogue continu.
Ce dialogue entre les hommes n'est possible que dans la conscience qu'il existe des valeurs communes à toutes les grandes cultures, parce qu'elles sont enracinées dans la nature de la personne humaine. Ces valeurs qui sont comme un substrat, expriment les traits authentiques et caractéristiques de l'humanité. Elles appartiennent aux droits de tout être humain. Dans l'affirmation de leur existence, les différentes religions apportent une contribution décisive.
N'oublions pas que la liberté religieuse est le droit fondamental dont dépendent beaucoup d'autres. Professer et vivre librement sa religion sans mettre en danger sa vie et sa liberté doit être possible à quiconque. La perte ou l'affaiblissement de cette liberté prive la personne du droit sacré à une vie intègre sur le plan spirituel.
La soi-disant tolérance n'élimine pas les discriminations, parfois elle les conforte même. Et sans l'ouverture au transcendant qui permet de trouver des réponses aux interrogations de son coeur sur le sens de la vie et sur la manière de vivre de façon morale, l'homme devient incapable d'agir selon la justice et de s'engager pour la paix.
La liberté religieuse a une dimension sociale et politique indispensable à la paix! Elle promeut une coexistence et une vie harmonieuses par l'engagement commun au service de nobles causes et par la recherche de la vérité qui ne s'impose pas par la violence mais par " la force de la vérité elle-même " (Dignitatis humanae, 1), cette Vérité qui est en Dieu. Car la croyance vécue conduit invariablement à l'amour. La croyance authentique ne peut pas conduire à la mort.
L'artisan de paix est humble et juste. Les croyants ont donc aujourd'hui un rôle essentiel, celui de témoigner de la paix qui vient de Dieu et qui est un don fait à tous dans la vie personnelle, familiale, sociale, politique et économique (cf. Mt 5, 9 ; He 12, 14).
L'inaction des hommes de bien ne doit pas permettre au mal de triompher. Il est pire encore de ne rien faire.
Ces quelques réflexions sur la paix, la société, la dignité de la personne, sur les valeurs de la famille et de la vie, sur le dialogue et la solidarité ne peuvent demeurer de simples idéaux énoncés. Ils peuvent et doivent être vécus. Nous sommes au Liban et c'est ici qu'ils doivent être vécus.
Le Liban est appelé, maintenant plus que jamais, à être un exemple.
Politiques, diplomates, religieux, hommes et femmes du monde de la culture, je vous invite donc à témoigner avec courage, à temps et à contretemps autour de vous, que Dieu veut la paix, que Dieu nous confie la paix. "Salami Outikom" ["Je vous donne ma paix"] (Jn 14, 27) nous dit le Christ! Que Dieu vous bénisse! Merci!"

Allocution du chef de l'Etat:

Le chef de l'Etat, Michel Sleiman, a , pour sa part, prononcé l'allocution suivante :
"Très Saint Père,
Cette grande rencontre revêt, de par sa configuration et ses objectifs ainsi que de par la symbolique du lieu et la particularité du moment, une importance exceptionnelle et une dimension historique spécifique.
Vous venez au Liban portant un message d'amour et de paix sur les pas de votre grand prédécesseur, le Bienheureux Jean-Paul II, qui a accordé aux Libanais, le 10 mai 1997, une Exhortation Apostolique visionnaire et pleine de sagesse et d'espérance : "Une Espérance nouvelle pour le Liban". Cette exhortation affirme, avec des expressions inspirantes, que "le Liban est plus qu'un pays, il est un message de liberté et de convivialité adressé à l'Orient et à l'Occident".
En cette étape critique de notre vie nationale, où certains autour de nous semblent déraper vers la logique de la violence et les dangers de la division communautaire et confessionnelle, et où les peuples arabes cherchent, non sans difficultés, à façonner leur avenir et parfaire leurs choix, nous sommes certains, Votre Sainteté, que votre visite redonnera du lustre au message du Liban et un éclat nouveau à son statut et son rôle de pionnier dans son entourage, en tant que patrie de dialogue, de rencontre et de concorde, et aussi en tant que modèle vivant et centre mondial espéré pour le dialogue des civilisations, des cultures et des religions, tel que je l'ai prôné devant l'Assemblée Générale des Nations Unies.
Sainteté, nous nous sommes initialement engagés à vivre ensemble, dans le giron de l'Etat, au sein d'un régime démocratique qui garantisse la liberté d'opinion et permette l'alternance pacifique du pouvoir. Il est écrit dans l'article 9 de la Constitution Libanaise que "la liberté de croyance est absolue au Liban" et que "l'Etat respecte toutes les religions et toutes les confessions et garantit la liberté de célébration des cultes religieux sous sa protection".
La cohabitation pour les Libanais n'est pas une formule figée, mais une complémentarité humaine constructive, une interaction intellectuelle et culturelle productive, un enrichissement mutuel et une appartenance. Elle est au coeur de la philosophie portée par l'entité nationale et elle se fonde sur une volonté politique libre et renouvelée. Elle se traduit, sur le plan pratique, par la participation de toutes les communautés et tous les groupes composant la société, à la gestion des affaires publiques, de manière équitable et équilibrée, afin de parvenir à l'Etat civil, garant des droits de tous les citoyens sans discrimination ou favoritisme.
Cela constitue le noyau de notre Pacte de concorde dont nous persévérons à en développer la formule et à en consolider les fondements par la compréhension mutuelle et le dialogue, malgré les obstacles occasionnels et les revers passagers.
Nous savons, Votre Sainteté, que le Saint-Siège n'est point inspiré par un intérêt économique ou matériel dans la conception de sa politique et de ses orientations, mais plutôt par une recherche objective et attentionnée du Bien public et de la dignité de l'homme et de son bien-être.
Pour cette raison, vous adressez au Liban, et à travers lui à toute la région, dans toutes ses composantes communautaires et sociales, Chrétiens et Musulmans confondus, sans oublier la diaspora libanaise et des pays de l'Orient, un message dont le contenu est pur et dénué de toute convoitise, plus particulièrement dans l'Exhortation Apostolique de l'Assemblée Spéciale pour le Moyen-Orient du Synode des Evêques, que vous avez signée hier après-midi.
Le contenu, les recommandations et les leçons inclus dans cette Exhortation en font un guide et une feuille de route pour les Chrétiens d'Orient et pour tous ceux qui s'engagent sur le chemin du partenariat, de l'amour, de la justice et de la paix.
Ainsi, nous mettons notre expérience libanaise unique sous le regard bienveillant de Votre Sainteté. C'est une expérience qui n'a pas été vaincue, au cours des décennies précédentes, par les difficultés qui ont éprouvé notre volonté de vivre ensemble ; sachant que ces défis continuent à confronter le chemin de notre parcours national, dans un monde à la fois changeant et interdépendant.
Parmi ces défis, nous citons ceux de l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, dans toutes ses dispositions, la nécessité d'empêcher Israël de poursuivre ses violations et ses menaces perpétuelles contre le Liban, la confrontation des dangers du terrorisme et d'éventuels plans d'intrigue et de discorde, l'opposition à toute sorte d'implantation des réfugiés palestiniens sur notre territoire, non seulement du fait que l'implantation est en contradiction avec la Constitution Libanaise et les conditions de notre concorde nationale mais essentiellement du fait qu'elle est en contradiction avec le droit naturel de ces réfugiés de retourner à leur terres et à leur domicile d'origine.
Ajoutons à ce qui précède, la nécessité de réaliser un développement équitable, de protéger notre environnement, d'assurer des emplois à nos citoyens, et plus particulièrement aux jeunes afin de les inciter à s'attacher à leur pays, à leur terre, à leur identité et à leur patrimoine.
Votre Sainteté, le soutien que vous apportez au Liban revêt, en ces circonstances particulières, une grande importance due à ce que vous représentez et à ce que représente le Siège Apostolique en tant que valeur spirituelle sublime et autorité morale influente.
Nous nous sommes, en outre, réjouis du fait que le Conseil de Sécurité, suivi du Conseil de l'Europe et d'un nombre important d'instances spirituelles et étatiques, aient loué l'appel à la poursuite des travaux de la Commission pour le dialogue ainsi que "la Déclaration de Baabda" qui a réaffirmé et reformulé les fondements de notre entente nationale, de même que leur soutien pour la stabilité dans notre pays.
Votre Sainteté, nous avons convenu, au Liban, de prévenir notre pays des répercussions négatives éventuelles de tous les événements qui se déroulent autour de nous, et d'adopter une position de neutralité vis-à-vis de toute politique d'axes et de même de nous dissocier des conflits régionaux et internationaux, dans le but d'éloigner les dangers et de protéger notre stabilité et notre unité nationale, sans nous dissocier pour autant de notre engagement envers les causes arabes justes, au premier rang desquels la cause de la Palestine, ni des résolutions internationales et ni de toute cause humanitaire. Ainsi en va-t-il de l'intérêt que nous avons porté et de tous les soins possibles que nous avons prodigués aux dizaines de milliers de réfugiés syriens qui sont entrés en territoire libanais, par peur, par nécessité ou par gêne.
Nous avons de même déclaré, depuis le début, que le Liban souhaite aux peuples arabes frères, et au peuple syrien en particulier, ce que ces peuples désirent pour eux-mêmes en matière de réforme, de liberté et de démocratie. Nous leur souhaitons de pouvoir réaliser leurs revendications légitimes par la voie du dialogue et de la politique idoine, loin de toute forme de violence et de coercition.
Mais cette démocratie, avec tout ce qu'elle est supposée apporter comme stabilité et bien-être, ne peut s'établir et s'enraciner, du point de vue de la logique et de la justice, s'il ne lui est pas donné de réaliser les conditions suivantes:
1) Assurer aux diverses composantes humaines et culturelles du monde arabe, y compris la composante chrétienne dont les racines, en cet Orient, remontent à plus de deux mille ans, une participation dans la vie politique et la gestion des affaires publiques indépendamment de leur proportion numérique sur la base de la citoyenneté et de la diversité au sein de l'unité, comme je l'ai mentionné dans mon discours devant le Sommet Arabe qui s'est tenu à Baghdad le 29 mars dernier. Ainsi ces composantes de l'entité arabe, dans toutes leurs dimensions culturelles et intellectuelles, ne ressentiront point d'inquiétude quant à leur présence et à leur avenir et participeront de meilleure façon à la renaissance et au progrès de leur pays.
2) Réaliser la justice sociale, respecter les libertés publiques et les droits de l'Homme, y compris ceux de la femme, et donner à la jeunesse son rôle et son droit dans le système de prise de décision.
3) S'engager de manière plus profonde et plus clairvoyante dans le dialogue des civilisations, des cultures et des religions, y compris le dialogue des communautés et des confessions, sur la base du respect mutuel, loin des tentatives de discorde et de toute logique d'isolement, d'affrontement et de prédominance.
4) Inciter la communauté internationale à imposer une solution juste et globale qui résoudrait tous les aspects du conflit arabo-israélien ainsi que la question palestinienne, y compris le statut particulier de Jérusalem et des Lieux-Saints, suivant en cela un calendrier contraignant et bien défini qui empêcherait la consécration de tout fait accompli, qui viserait à la création de colonies illégales et à la judaïsation de la Ville Sainte tout autant qu'à la consécration de l'occupation. Une telle solution ne peut être qualifiée de stable si elle ne se fonde sur le droit international, sur les résolutions internationales y attenant, sur les Termes de Référence de la Conférence de Madrid et l'Initiative arabe de paix qui a été adoptée à Beyrouth depuis déjà une décennie.
Jérusalem persistera éternellement dans nos pensées, reine des villes, ville de paix et point d'attraction où la justice est supposée prévaloir afin que tous les peuples de croyants se dirigent vers elle et se rencontrent sur la base de l'amitié, de l'amour et de la foi, en présence du Dieu unique.

Sainteté,
Face aux malheurs et aux crises et face à toute épreuve de volonté et de caractère, on peut se contenter de regarder tout en restant passif ou bien fuir au loin, ou s'engager courageusement dans un mouvement de solidarité généreuse afin de soigner les blessures, de reconstruire ce qui a été détruit, de réparer ce qui a été déchiré et de consoler les victimes frappées par le malheur.
J'invite mes concitoyens et les jeunes en particulier, en votre Sainte Présence et avec votre Bénédiction, à ne point se laisser aller à un état de retrait sur soi, d'isolation ou d'extrémisme. Je les invite à s'engager dans le travail qui vise à faire fructifier leurs talents et à servir le bien public tout en restant fidèles à ce qui les caractérise, à savoir l'esprit d'ouverture et de générosité.
Je les invite enfin, à préserver leur foi et leur humanité ainsi que l'ensemble des valeurs spirituelles et familiales qui leur ont permis de vaincre les obstacles et d'obtenir de nombreuses grâces de Dieu.
Ainsi le Liban leur est conservé pour eux et avec eux, une oasis pour le dialogue des coeurs et des esprits, un phare de pensée positive, une passerelle de communication et de complémentarité et un message de liberté et de convivialité pour l'Orient et l'Occident.
Ceci dit, nous sommes conscients que la démocratie, la justice, la paix, le respect de l'opinion d'autrui, l'esprit d'amour et de dialogue sont des faits de culture avant toute chose, et une manière de penser et de vivre. Ils sont aussi une responsabilité éducative, informationnelle et sociale qui incombe à la fois aux instances spirituelles et temporelles, dans un monde où prévalent le doute et les bouleversements, et qui peine à créer un nouvel ordre politique et économique mondial, plus juste, plus équitable, et plus conforme aux valeurs.
Nous sommes honorés d'accueillir Votre Sainteté, maintenant et toujours, en ces lieux, et d'écouter, avec attention, le message central que vous désirez livrer, ici même, au lendemain de la signature de l'Exhortation Apostolique.
Vive le Saint-Siège,
Vive le Liban."

Au patriarcat des Arméniens catholiques à Bzommar

Après la cérémonie, le souverain pontife Benoît XVI s'est dirigé au siège du patriarcat des Arméniens catholiques à Bzommar ,où il a assisté au déjeuner offert en son honneur par les patriarches , les archevêques et les membres du conseil des patriarches catholiques au siège du patriarcat.
Le patriarche de l'Eglise catholique arménienne, Nerses Bedros, a prononcé une allocution dans laquelle il a remercié sa sainteté de sa visite " qui revêt aujourd'hui une importance particulière, car Vous êtes le premier Successeur de Pierre à visiter ce Couvent, édifié en 1749 pour être le Siège de notre Patriarcat".
"L'histoire de l'Eglise arménienne ne peut être écrite sans le recours aux documents Pontificaux du Saint-Siège" a-t-il dit .
Et d'ajouter:" Votre visite au Liban et aux Libanais et, à travers eux, à tous les pays et les peuples du Moyen-Orient, fut attendue avec une vive espérance. Visite pour laquelle les Chrétiens du Liban, spécialement, ont beaucoup prié, conscients que cette visite portera, comme durant celle de Votre bien-aimé prédécesseur, le Bienheureux Jean-Paul II en 1997, des fruits de paix, dont tous les peuples du monde arabe ont grandement besoin. De même qu'elle portera des fruits de pardon mutuel, de dialogue constructif et de collaboration fructueuse, pour corroborer l'union parmi les diverses composantes de ce pays et continuer à donner du Liban le témoignage de pays-message pour tous les peuples du Moyen-Orient".
Le Pape Benoît XVI est entré par la suite au siège du patriarcat des Arméniens catholiques à Bzommar sur fond du chant Hrachabar puis levé la prière de bénédiction du monument du moine Hagop Meghabart qui a imprimé le premier livre en langue arménienne en présence du patriarche des arméniens catholiques Nerses Bedros XIX et le supérieur général du couvent Mgr. Gabriel Moradian .
Durant le déjeuner organisé en son honneur à Bzommar, le pape Benoît XVI a prononcé un mot dans lequel il a exhorté le Seigneur à "bénir la communauté arménienne qui a beaucoup souffert" afin d'octroyer à nouveau "aux désespérés, force et espoir."
 (suite)

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