ANI - Le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) à Beyrouth a diffusé ce jeudi un extrait du discours prononcé par le Haut-Commissaire Filippo Grandi, dans lequel il déclare :
« Je suis honoré de revenir au Liban. En réalité, c’est la troisième fois que je me rends ici en l’espace de neuf mois. Je suis venu en octobre dernier, alors que le pays subissait des bombardements israéliens. Ce fut, comme l’a souligné le vice-Premier ministre, l’occasion de constater comment un pays traversait une nouvelle épreuve difficile, tout en continuant d’accueillir l’un des plus grands nombres de réfugiés au monde. »
« S’il y a eu un moment où j’ai pleinement mesuré l’ampleur du défi que représente la présence massive de réfugiés syriens et palestiniens au Liban, c’est bien lors de cette visite, au cœur du conflit. »
« Je suis revenu en janvier dernier, cette fois après un séjour en Syrie, où j’ai tenu mes premières réunions avec les nouvelles autorités à Damas. Depuis lors, mes collègues du UNHCR et moi-même menons un dialogue important avec les autorités syriennes afin d’intensifier les efforts visant à permettre aux personnes déplacées de rentrer dans leur pays, d’y rester et d’y mener une vie digne et en sécurité. »
« Je le souligne aujourd’hui, car c’est ma troisième visite au Liban, et c’est précisément le cœur de nos discussions. »
Lorsque j’ai visité le Liban en janvier dernier, le nouveau gouvernement n’était pas encore formé. Depuis, nous avons accompli un excellent travail avec le Premier ministre, son adjoint, la ministre des Affaires sociales, ainsi que de nombreux autres acteurs impliqués dans cette équipe de coordination. Je tiens à saluer le gouvernement, mentionné par le vice-Premier ministre, pour avoir adopté une politique relative au retour des réfugiés, une politique que je vous assure que mon organisation, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), soutiendra de toutes ses forces.
Je me réjouis profondément qu’avec ce gouvernement, nous ayons entamé un dialogue constructif sur les moyens de traduire cette politique en une démarche concrète permettant à un grand nombre de réfugiés, autant que possible — comme l’a dit le vice-Premier ministre — de rentrer en Syrie. Je ne peux que vous rappeler que nous sommes présents ici depuis longtemps, non seulement au Liban mais dans toute la région.
Beaucoup de réfugiés souhaitent rentrer, mais comme vous le savez, les défis sont nombreux. Le premier est de savoir comment les aider à revenir concrètement, puis à s’installer à nouveau dans leurs foyers en Syrie. C’est là l’objectif principal de ma mission.
Comme vous le savez, demain, 20 juin, est une date hautement symbolique pour mon organisation : nous célébrons la Journée mondiale des réfugiés.
J’ai choisi d’être en Syrie ce jour-là, car c’est le pays qui a connu la plus grave crise de réfugiés au monde. Aujourd’hui, nous avons l’opportunité de mettre fin au déplacement de millions de personnes en leur permettant de rentrer chez elles.
Ce sera le message que je porterai demain depuis Damas, où je me rendrai dans la matinée.
Je suis conscient que ma visite au Liban intervient dans un contexte de regain de tensions et d’incertitude régionale, en raison de la guerre entre Israël et l’Iran. Je me suis même demandé : est-ce vraiment le bon moment pour venir ? Puis je me suis dit : pourquoi pas ?
Dans un monde traversé par les crises, voici un exemple de situation qui peut évoluer, à condition de s’y engager avec détermination et rigueur. Je vous assure de ma conviction : le gouvernement libanais et le UNHCR sont unis et pleinement prêts à mener ce travail à bien.
Avant de conclure, je tiens à lancer un appel à la communauté internationale : le Liban, le HCR et la Syrie ne peuvent pas accomplir seuls cette tâche. Ils ont besoin de l’appui du monde entier.
Je connais bien la Syrie, j’y suis allé de nombreuses fois. C’est un pays épuisé, qui a besoin de reconstruire ses infrastructures, ses services publics, son économie et son système de sécurité.
Il existe une réelle volonté de bien faire malgré les nombreux défis, mais l’aide internationale est indispensable.
Je me réjouis de l’annonce du président américain sur la levée de certaines sanctions, qui constitue à mes yeux une étape importante dans la bonne direction. J’espère qu’elle sera suivie d’investissements sérieux dans les infrastructures, la création d’emplois, la relance économique et le renforcement de la sécurité, car le pays a besoin d’un climat de sécurité et d’institutions sécuritaires solides.
Telles sont les priorités essentielles en Syrie. Car tout ce que le UNHCR peut faire ici – en matière de soutien financier et logistique pour aider les gens à rentrer – ainsi que ce que peuvent offrir les autres agences des Nations unies en Syrie durant les premiers mois, doit avoir un impact durable. L’objectif est d’aider les personnes à rester dans leur pays et à ne pas être déplacées de nouveau, car ce serait catastrophique pour tous.
Nous reconnaissons pleinement les efforts du Liban, qui continue à accueillir des réfugiés en dépit de ses propres difficultés, et nous lançons un appel à tous nos partenaires en Europe, dans le Golfe et aux institutions financières internationales pour qu’ils nous aident à accomplir notre mission en Syrie.
C’est une occasion rare, dans un monde en crise.
Saisissons-la ensemble. Merci.
L.M.